Le design graphique du e-learning

Nous abordons

Aider la compréhension

En pédagogie, on ne fait pas de la communication, on va aider visuellement à la compréhension.

En faisant finalement quatre choses :

  • En simplifiant,

  • en expliquant via une synthèse,

  • en étant universel et

  • en aidant à la mémorisation

Quatre piliers

La simplification, quand on me donne un module de formation parfois, je vais demander à réécrire les textes par exemple on va raccourcir une phrase, ça aide parce que moins les choses sont longues à lire, plus vite l’information va arriver au cerveau.

Par exemple : « Prendre le temps de lire l’instruction », je vais transformer cette phrase là en disant « lire l’instruction » ou alors je vais utiliser une illustration d’un document avec une loupe et un œil dedans pour évoquer cette explication qui devrait être « Lire l’instruction ».

Le fait de raccourcir les phrases va laisser plus d’espace dans l’interface de l’écran que l’apprenant va regarder. Là je parle, en particulier, lorsqu’on est devant son ordinateur mais ça peut être aussi être le cas lorsqu’on est dans une salle avec des apprenants en présence physique. La libération de cet espace va apporter une meilleure concentration, de focalisation sur le message que l’on aura à passer. Je peux aussi inclure une illustration qui va donner peut-être l'ambiance dans laquelle je suis et va permettre la mémorisation parce que avec l’image mon cerveau va associer quelque chose.

La grande erreur que beaucoup de concepteurs pédagogiques font c’est qu’ils vont utiliser des template, des modèles déjà existants de module de formation, trouvés sur Canvas, sur des Power point, sur des Storyline. Il y a tellement de choses que l’oeil fatigué de regarder ce qu'il se passe à l’écran va regarder par la fenêtre parce que finalement, il y a trop de choses sur l’écran.

L’information visuelle va aussi aider sur le deuxième point : c’est l’explication et faire une synthèse. Expliquer une information par un dessin. Par exemple si j’ai un personnage, si je lui dessine 3 petits traits derrière son pied, statiquement, je vais donner l’impression, l’information qu’il se déplace alors qu’il ne se déplace pas.

La troisième fonctionnalité de l’utilisation du graphisme, c’est l'universalité. C’est à dire utiliser un mode de langage qui n’utilise pas de l’écriture. Parce que votre public ne sait pas forcément lire ou je ne sais pas lire la langue en question ou je ne sais pas lire du tout. Je suis un petit enfant typiquement ce sont les pictogrammes que l’ont voit dans les aéroports pour qu' un enfant perdu puisse quand même aller retrouver, reconnaître un pictogramme, de l’aide.

FB :

Le point d’accueil

KG :

Je rêve un peu parce qu’il y a aussi des aéroports qui vont avoir tout dans leur langue, parce que cela a aussi un coût, cela demande des ressources.

Et puis le dernier élément auquel va servir vraiment la simplification graphique c’est la mémorisation, c’est à dire qu’en fait c’est vraiment l’ancrage parce que l’oeil va associer l’image avec le message. D’où la nécessité de bien choisir ses visuels.

Exemple

Je donne juste un petit exemple : dans un module de formation de mathématiques, pour expliquer les chiffres négatifs et les chiffres positifs, l’équipe pédagogique voulait que je représente graphiquement un thermomètre. Hors, la cible d’apprenants sont des gens très jeunes de 14 à 16 ans. Je trouvais que ce n’était pas pertinent. Les jeunes pour connaître la température extérieure vont prendre leur téléphone mobile, ils ne vont pas prendre un vieux thermomètre que moi, j’ai connu enfant. Je leur ai proposé une autre solution et ça c’est vraiment le travail du graphiste, il va tout de suite se poser cette question là : est ce que c’est pertinent ou pas ? Qu’est-ce que je pourrais proposer d’autre ? Et j’ai proposé un ascenseur. Quand je monte au 15 ième étage, ce sont les chiffres positifs et quand je descend au garage, je vais au moins 5.

Design graphique et objectif pédagogique

Première chose : l’objectif pédagogique va d’abord cibler qui sont les apprenants.

Je vais surtout aussi me poser la question sur leur habileté à se concentrer, à utiliser des outils technologiques, numériques. On a 3 manières de taper sur le téléphone : soit on prend le pouce soit on prend le pouce et l’index soit on ne prend que l’index et le majeur. On a 3 normes qui ont été observées sur lesquelles on va interagir en se disant que l'on va faire les choses comme ça.

Il y a aussi dans la définition de cette cible d’apprenants, leurs intentions. Quelle est leur intention à suivre la formation ? Parce que j’ai besoin d’arriver à embarquer ceux qui ne veulent pas faire la formation.

Après il y a les spécificités par exemple est-ce que ce sont un groupe uniquement d’homme ? Le lieu aussi où va se faire la formation ? La durée de la formation. Si la formation doit durer, une journée entière devant son écran, qu’est ce que je fais, évidemment l’oeil va être fatigué, je ne vais pas utiliser les mêmes couleurs, les mêmes contrastes de couleur.

Contraste

En couleur on peut utiliser ce que l’on veut, ça dépend qui est la cible, tant que les contrastes entre deux couleurs sont assez importants pour que ce soit reposant pour l’oeil et plus facile à lire.

La lisibilité est vraiment importante et il y a des outils gratuits qui vous permettent de vérifier ce contraste, on pourra le mettre en annotation il y a un outil gratuit de Adobe qui s’appelle Adobe Color (il permet de regarder quel est le contraste de couleur et va proposer en fonction de ce que vous avez choisi comme couleur, ce qui serait mieux d’utiliser et qui est dans les normes de l’accessibilité. Il faut savoir que deux couleurs doivent être contrastées à plus de 4,5 / 1.

Enfin, faire une formation destinée à des déficients visuels, outre les couleurs, je vais choisir une typo qui leur est adaptée, qui est adaptée au handicap visuel, c’est une typo qui s’appelle Luciole ou Aïdo, pour les dyslexiques dysorthographiques et malvoyants. Et vraiment faire des contrastes de couleur importants chez les mal voyants, c’est particulier. On va utiliser des noir et blanc ou des bleu et jaune ou deux couleurs qui sont le plus contrastées possibles.

1https://color.adobe.com/fr/create/color-wheel

Typographie

Le graphiste va vraiment vous aider pas seulement à choisir des choses esthétiques mais il va aussi simplifier, hiérarchiser, choisir quelle taille de typo je vais utiliser, souvent les gens écrivent trop petit. Le minimum pour un module de formation c’est d’écrire en typo 20, plus petit ça ne sert à rien, sauf si vous voulez vraiment que les gens ne lisent pas. Dans ce cas là on le met en petit.

FB :

comme le juridique au dos du contrat.

KG :

très très bon exemple, quand vous voulez que les gens ne lisent pas et bien vous mettez en tout petit et vous mettez plein de texte. Comme ça t‘as justement jamais envie de le lire.

Mise en page

A l’écran c’est important de caler les textes sur la gauche. Nous lisons de gauche à droite. Notre œil va aller de gauche à droite et c’est comme ça que la lecture va se faire le plus vite. Evidemment si j’écrivais en arabe ou en cyrillique, c’est l’inverse je vais caler à droite parce que je lis de droite à gauche. Inversement.

Toujours mettre les boutons au même endroit. Le graphiste, son œil a l’habitude de faire ça. Tout de suite, il va voir quand le bouton n’est pas au bon endroit.

Tout reste simplifié pour l’apprenant pour que le message de la formation soit au centre.

Univers

Et puis le graphiste va essayer de trouver un univers plutôt sympa dans lequel l’apprenant va être embarqué.

Tout est possible.

C’est un métier ultra créatif. Que l’on soit concepteur pédagogique ou graphiste ce sont deux créatifs qui se mettent ensemble et vont faire des trucs super. Je trouve que ça c’est déjà génial.