Multimedia learning

Aujourd’hui nous nous intéressons à la rétroaction en formation à travers un objet multimédia en voie de disparition, la carte postale !

La première formation à distance était destinée aux femmes qui ne pouvaient pas sortir de leur campagne et qui voulaient se former à la sténographie.

C’est un serial inventeur qui a eu cette idée géniale. Non seulement Isaac Pitman, a inventé une méthode de sténographie, utilisée jusqu’au début du 21iem siècle, mais il a également su profiter de l'invention du timbre poste en Angleterre, vers 1840 et des premiers services postaux réguliers pour envoyer des textes en sténographie sur des cartes postales.

Les apprenantes lui renvoyaient à leur tour des transcriptions en contrepartie il s’engageait à leur répondre en envoyant la correction du devoir.

Il venait de résoudre trois difficultés de la formation à distance, en une seule fois. La difficulté de la distance géographique et de la distance temporelle puisque chaque élève pouvait lui envoyer son devoir quand il le souhaitait. La proximité sociale avec son formateur puisqu’il s’était engagé à répondre à tous ceux qui lui écrivaient.

Et il a surtout innové en inventant un facteur de rétroaction qui est un des piliers de l’apprentissage selon Stanislas Dehaene. Ce feedback favorise la motivation des apprenants car j’imagine que les élèves de Pitman devaient guetter le facteur et s’empresser de renouveler l’expérience pour recevoir un peu plus de courrier.

Aujourd’hui, à l’ère du multimédia, je vous propose un outil pour faire des rétroactions audio ou vidéo, et vous permettre d’envoyer une espèce de carte postale sonore.

Cet outil en ligne s’appelle QWIQR.education. Il a l’avantage de faire gagner du temps à l’enseignant ou au formateur car on parle 7 fois plus vite que l’on écrit. Et côté apprenant, entendre le son de la voix de son enseignant est très émouvant et rend la rétroaction plus personnelle, plus intense. Le site QWIQR en anglais, donc si vous êtes rebuté il existe un autre site développé par des français qui s’appelle Vocaroo et qui permet de partager des fichiers audio et de les télécharger ou envoyer par qr code.

Et sinon il vous reste la carte postale !

https://qwiqr.education/

https://vocaroo.com/privacy

Stanislas Dehaene, Apprendre ! Ed Odile Jacob, 2018, p266

Des cours par correspondance au e-learning , Viviane Glickman, PUF, 2002, p304

Un étude de 2019 s’est intéressée à la perception par les étudiants, des feedback audio et vidéo de leur enseignants. Voyons ce qui plait aux apprenants étudiants, ce qui fait la différence avec un retour sur la production traditionnellement écrit.

Je vous propose également deux outils à tester pour produire vos propres feedback audio ou vidéo..

Dans cet article, la qualité du contenu du feedback n’est pas analysé. En fonction du formateur, une rétroaction orale dure entre 5 et 30 minutes. Ce qui est déjà beaucoup plus qu'un feedback écrit (il y a à peu près 750 mots dans 5 minutes). Bien sur plus le feedback est détaillé, plus il est efficace. Par exemple si l’enseignant dit « Vous devez synthétiser » l’apprenant ne sait pas toujours ce que cela signifie précisément et pourquoi il a échoué.

Voici le résultat de cette étude :

• Un meilleur sentiment d'appartenance : il est lié aux relations des apprenants avec leur enseignant. Les apprenants se sentent mieux pris en considération ou inclus par leur enseignant. La distance sociale est réduite.

• Une meilleure compréhension des aspects non verbaux de la communication : les rétroactions étaient réalisées en audio ou en vidéo. C’est le ton de la voix, son inflexion et le langage corporel qui ont permis de mieux comprendre les feedback.

• L’utilisation d’une copie écran est utile si l’on voit aussi, à côté la copie de l’apprenant avec en même temps le commentaire du formateur. L’un des apprenants interrogé s’est exclamé « Tout était dans la voix ! »

• L'individualisation et la personnalisation. Pour certaines personnes, la rétroaction vocale avec une copie écran de leur production est vue comme un mini tutoriel personnalisé.

• Les aspects techniques et pratiques de la technologie. Les aspects qualitatifs de l’enregistrement de la voix ont leur importance. Le son doit être intelligible.

  La prise en compte de la rétroaction est plus efficace selon certains apprenants qui trouvent ce média plus rapide d’accès (plus rapide que la lecture d’un texte) et parce qu’il est re-visible et ré-écoutable à loisir. Certains aimeraient pourvoir répondre…une piste à creuser.

Ces modes alternatifs de retours d'informations aident les étudiants à mieux comprendre. De son côté le formateur peut personnaliser cette rétroaction.

Ils favorisent le sentiment d'appartenance par rapport au programme d'études et par rapport à l'équipe enseignante.

Les formateurs doivent être capable de prendre en main ce type d'outil et s'exercer à enregistrer des feedbacks constructifs. Si cette pratique peut faire gagner du temps sur le long terme. Pourquoi ne pas envisager l'utilisation d'une approches médiatiques innovantes susceptibles d'améliorer la qualité de l'expérience de retour d'informations ?

Voici un outil de feedback audio : https://eu.qwiqr.education/welcome/ et un outil d'échanges vidéo https://www.videoask.com/

Eduquer ses oreilles est déjà un premier pas avant de produire des bandes audio pour tous. Se former est encore mieux !

Vous allez me dire : on a pas le temps, on connait pas, on a pas les moyens, on en voit pas la nécessité. Surtout qu’avec les techno actuelles qui permettent de produire des voix artificielles de plus en plus naturelles ou de s’enregistrer avec un smartphone très rapidement, pourquoi s’embêter?

Je suppose que vous avez déjà écouté des vidéos dont le niveau varie sans cesse selon l'interlocuteur qui parle. Ou encore, après une musique très forte, un interlocuteur que l'on entend à peine !

Je vous conseille, désormais, lorsque vous écoutez des enregistrements sonores, de porter votre acuité sur la qualité.

Je vous propose de vous intéresser à l'intelligibilité ou à l'inverse aux différences de niveaux, pire, l'absence de niveau ou à l'inverse la saturation, la réverbération du lieu... Et questionnez-vous sur votre attention. Est-elle restée constante ? Avez-vous eu envie de quitter ou de rester à l'écoute ?

Et bien pour fournir un média intelligible à tout public et donc un média inclusif.

Une écoute confortable et un niveau constant sur l’ensemble de votre production permet à l'auditeur de rester connecté à votre média et de se concentrer sur le contenu.

Et bien on va d’abord utiliser notre bon sens. C’est à dire apprécier les qualités acoustiques d’un site en prévision de la prise de son. Rassurez-vous, rien de compliqué : il s'agit d'améliorer l’acoustique avec les moyens du bord. Placer des éléments absorbant pour éviter la réverbération des ondes dans votre espace d'enregistrement : livres, vêtements...

Pour ma part, j'enregistre parfois dans ma garde robe !

L'objectif est de vous faire gagner du temps. Un son correctement enregistré demandera moins de traitements après montage.

Placer correctement le micro selon sa capsule. Les microphones large membrane tels les micro de voix-off nécessitent d'être proche (environ 20 cm de la bouche) avec un filtre anti-pop pour éviter d'enregistrer trop fortement les consonnes plosives (les « p », les « t »...)

Ainsi vous limitez le travail de traitement du son en post production : comme par exemple : l’égalisation des fréquences ou la compression, c’est un vrai gain de temps et de qualité.

Le niveau d'entrée doit être réglé de façon à moduler autour de -12db. Lorsque le vu-mètre est dans le rouge, votre enregistrement est saturé, le son est pénible à écouter et fait mal aux oreilles.

Le niveau d'entrée est différent du niveau d'écoute (qui est un niveau de sortie).

Si vous enregistrez dans un milieu bruyant, il faut traiter la voix et tenter d'éliminer les bruits parasites. Pour cela je vous conseille d'utiliser un égalisateur ou équaliseur, chercher les fréquences gênantes et les supprimer.

Attention de ne pas trop forcer sous peine de dénaturer la voix.

Autre solution, la meilleure, utiliser un micro unidirectionnel, tel le micro canon ou encore un micro cravate unidirectionnel. Mais ils sont moins communs que les cravates omnidirectionnels et coûtent plus chers.

Pour terminer, vous aimez la musique et vous souhaitez ajouter votre morceau préféré ?

Je vous le déconseille car mal mixée, elle nuit à l'intelligibilité. Vous pouvez placer de la musique avant ou après votre voix mais évitez de mixer une musique lancinante. Elle n'améliore pas la concentration et peut excéder l'auditeur ! Nous n'avons pas tous les mêmes goûts...

Et côté juridique, si vous êtes l'auteur de la musique, pas de problème, sinon vous devrez payer des droits à l'auteur. Voici un site de musiques gratuites proposées par YouTube

Ecoutez l'interview de François Jonquières, sound designer et comédien voix-off.

En tant que formateur, votre posture sera bien plus efficace si vous êtes andrago-centré. Qu'est ce que l'andragogie et comment peut-elle vous servir ?

Si vous êtes expert de votre domaine, au début de votre pratique de formateur, vous avez certainement dû monopoliser la parole. Votre intention louable de tout leur dire, transmettre un maximum de votre savoir n'a pas été couronnée de succès et vous vous êtes demandé pourquoi ?

Il y a de nombreux points communs entre pédagogie et andragogie comme le besoin de savoir pourquoi, le besoin d'autonomie, l'estime de soi, le besoin d'être actif, être intéressé... Les adultes apprennent différemment des enfants étant donné leur passé beaucoup plus vaste, leurs responsabilités quotidiennes, leurs expériences professionnelles, leurs ressentis des années école-collège-lycée et de leur vie.

Les enfants sont dépendants (parents, famille, enseignants...), ont peu d'expérience, cherchent l'approbation des adultes et apprennent des programmes imposés quand l'adulte se forme en ayant déterminé ses besoins.

Comprendre les enjeux de la formation professionnelle pour adulte permet d’améliorer considérablement votre rôle de formateur et positivement les apprentissages en augmentant l’intérêt et la participation de vos apprenants. Adoptez donc une posture andragogique centrée !

L'adulte en formation a besoin de savoir pourquoi il doit apprendre cette chose, pourquoi lui propose-t-on cette vidéo pourquoi faire cet exercice qui peut lui paraître ridicule.

En tant que formateur une des premières choses à faire est d'expliquer pourquoi on va faire cette exercice et à quoi il va servir. L'adulte a besoin de comprendre ce qu’il va gagner à étudier ce module, cette formation notamment si sa présence est imposée (par l'employeur ou par des impératifs réglementaires, juridiques...)

L'animateur a tout intérêt à expliquer aux apprenants comment leur travail va être facilité ou comment ils peuvent accéder à un autre travail, améliorer leurs performances, leur qualité de vie.

Vous pouvez aussi expliquer ce qu'ils ratent s'ils ne s'intéressent pas à tel ou tel aspect de la formation, le risque qu'ils prennent à ne pas adopter telle ou telle méthode.

Un autre moyen de valoriser une tâche d'apprentissage auprès de l'apprenant, à posteriori, est de faire mesurer l’écart entre ce qu’il sait aujourd’hui et ce qu’il saura faire demain après cette séquence. Cela permet à l'apprenant de s’identifier à un ou des modèles de comportement.

Comprendre pourquoi est une aide à l’autonomie.

L'adulte a développé le besoin d'être responsable de ses propres décisions avec une nécessité profondément ancrée d’autodétermination, de prise d'initiatives pour contrôler sa propre vie. L'adulte ne veut pas subir. Il ne veut pas des décisions imposées par d'autres.

Le formateur doit donc traiter les apprenants adultes comme des apprenants autodéterminés qui participent activement à leurs apprentissages qu’ils choisissent eux-même. Ils prennent l’initiative eux même sans l'assistance des autres en diagnostiquant leurs besoins d'apprentissage et en formulant leurs buts ou leurs objectifs d'apprentissage, Ils identifient les personnes ressources, savent trouver l’information, collecter les idées...

Il choisissent leurs stratégies d'apprentissage, les plus appropriées et la résultante de la formation (certification, attestation, diplôme…) ou encore d’abandonner !

L'animateur ou le facilitateur a donc pour rôle d'aider à la formulation des objectifs d'apprentissage de l'adulte. Il peut proposer des activités d’auto-diagnostic. Le formateur aide l'apprenant à autogérer ses apprentissages, par exemple en lui donnant des trucs pour mémoriser, des méthodes pour élaborer des productions ou des exercices d'auto-évaluation de ses savoirs.

Un apprenant maître de ses apprentissages s'auto évalue, modifie en conséquence ses stratégies d'apprentissage et gagne en estime de lui même.

Les adultes en formation retrouvent aussi les émotions ressenties, les succès comme les échecs lorsqu’ils étaient à l’école. Ces émotions fortes peuvent s'exprimer par des résistances, la peur du retour à l’école, la peur de l’évaluation, la peur de paraître incompétent. L'adulte utilisera aussi les émotions positives ressenties dans le passé et saura, par exemple, réutiliser une stratégie gagnante qui a aidé à résoudre des problèmes.

Les rétro-actions du formateur doivent être constructives et permettre à l'apprenant d'exprimer ses craintes et d'accepter de l'aide. Ces retours favorisent également l'apprentissage par essai-erreur, s'ils sont donnés de façon positive et non répressive ou dévalorisante.

Féliciter et encourager est un des fondamentaux de la posture andragogique du formateur (et pédagogique de l'enseignant, bien sur) pour aider à dépasser les expériences antérieures.

L'adulte participe aux activités d'apprentissage avec une expérience de vie professionnelle et privée préalable qui lui est profitable tout comme à ses pairs.

Le formateur utilise l'expérience des apprenants en les mettant en lumière et en valorisant leurs applications, dans leur milieu professionnel. Lors, par exemple, des activités collaboratives, des études de cas, des discussions en groupe, des remue-méninges ou encore des résolutions de problèmes. Cela permet au facilitateur d'intégrer l'hétérogénéité des apprenants et de créer un climat d'ouverture et une communauté de perspectives nouvelles.

Une autre piste pédagogique est de proposer aux apprenants de réfléchir sur leurs expériences pour les appliquer aux concepts étudiés. Par exemple pour une formation sur l’égalité des genres, l'apprenant peut être amené à citer ce qui est fait aujourd’hui dans son entreprise à la lumière de critères qualité qui ont été vus au préalable. Puis il pourra être invité à proposer des axes d’amélioration.

L'adulte a besoin d'expliquer ses expériences, l'andrago-centré prévoit dans le séquençage de la formation, un temps suffisant, une place à l'expression de chacun au regard des savoirs nouveaux qui sont apportés durant la formation.

La majeure partie des apprenants souhaitent apprendre des sujets pratiques, utiles immédiatement. Ils ont la volonté d’apprendre si ce qu’ils apprennent leur permet de faire face à des situations professionnelles ou personnelles pertinentes en coïncidence avec leur besoins de développement.

L'application de ce principe pour les formateurs est de proposer des activités d'apprentissage en adéquation avec les taches fonctionnelles des adultes et correspondant à leur rôle social.

Par exemple pour une formation à l'inclusion des personnes en situation de handicap, un exercice pertinent pour les managers sera d'acquérir des éléments de langage afin d'éviter les discours discriminant auprès de leurs équipes. Tandis que pour le public cible des responsables des services généraux, il s'agira de résoudre les difficultés des personnes en situation de handicap lors de la circulation des bâtiments.

Les tâches d'apprentissage gagnent en intérêt si elles sont proches des besoins concrets actuels ou futurs de l'apprenant.

L'adulte est dirigé par l’auto-estime de soi, son statut social et son autosatisfaction mais aussi par la motivation dite intrinsèque (meilleur emploi, salaire, mailleure qualité de vie...). Il apprend pour lui, pour son propre développement.

Cette motivation peut être entravée par des contraintes temporelles, des difficultés techniques ou une pédagogie inadaptée à sa situation.

Donc l'adulte est très motivé pour apprendre de nouvelles compétences, de nouveaux savoirs ou de nouveaux concepts s’ils sont pratiques et pertinents pour son travail actuel ou futur ou encore pour sa vie quotidienne.

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